Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 14:59

Dans le cadre de la campagne mondiale d'Amnesty International sur Pauvreté, Dignité et Droits Humains

 

conférence-débat "Exiger la dignité ?"  

JEUDI 25 NOVEMBRE 2010 à 20h00                                   logo_noir.jpg                 

 

 

avec l'intervention de Thierry Ménissier, Maître de conférences de philosophie politique à l'UPMF et Président de la Société Alpine de Philosophie.

 

salle de conférence de la Maison du Tourisme de Grenoble

entrée par la terrasse extérieure, escalier rue de la République

 

participation libre aux frais

 

http://aigrenoble.free.fr/

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 19:09

socrate

 

 

 

 

Maryvonne David-Jougneau, philosophe et membre de la Société alpine de Philosophie, présentera son livre

 

Socrate dissident.

Aux sources d’une éthique pour l’individu-citoyen

(Solin/Actes-Sud, 2010)

 

Le mercredi 12 mai de 18 h 30 à 20 h, à la Bibliothèque municipale du Centre-ville de Grenoble

Daniel Bougnoux (professeur émérite, Université Stendhal Grenoble 3) sera le répondant de l’auteure

 

 

Une présentation de cet ouvrage, ainsi que d’autres textes de l’auteure (dont une conférence donnée à Lausanne sur cette question de la dissidence), sont accessibles sur son site :  http://www.david-jougneau.fr

 

Une présentation de cet ouvrage par Daniel Bougnoux sur le site de la revue NonFiction : www.nonfiction.fr/article-3338-retour_a_socrate.htm

  

Pour accéder à la BMCV :

http://www.bm-grenoble.fr/pratiques/bibliotheques/centre-ville.htm

En espérant vous retrouver nombreux !

 

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 18:30

 

« Toute vie est bien entendu un processus de démolition »

(Francis Scott Fitzgerald).

 

Vous  étiez venus très nombreux - 170 personnes - écouter Philippe Saltel et Thierry Ménissier, à l’invitation du Printemps du Livre de Grenoble, « s’affronter » pour savoir si la vie est ou non une aventure – et dans quelle ambiance de ferveur intellectuelle. Merci vivement pour votre adhésion si massive à cette forme d’intervention philosophique nouvelle pour nous !

L’articulation principale du débat fut la suivante : en premier lieu, chaque philosophe répondit directement à la question posée ; en second lieu, il développa les conséquences pratiques de sa position, en délivrant en quelque sorte sa propre « morale de l’histoire ».

 

DSCN0167.jpg[Thierry Ménissier et Philippe Saltel : "La vie est-elle une aventure ?"]

           


Thierry Ménissier
– désigné volontaire par son contradicteur ! – débuta volontiers la joute amicale en soutenant qu’à ses yeux la vie est fondamentalement une aventure. Cela tient au caractère contingent (non nécessaire, aléatoire) de ce qui advient : tout aurait toujours pu arriver autrement qu’il arrive, ou ne pas arriver. La régularité que l’on constate parfois dans les phénomènes de la vie et de l’existence ne délivre aucune garantie quant à la possibilité ou quant à l’existence de règles, et il est impossible d’y lire une logique qui assurerait définitivement nos actions.

 

Les choix individuels constituent eux-mêmes le principe d’une désorientation, d’une complexification plus grande encore du cours des choses. De sorte qu’au lieu d’inscrire de la nécessité dans les choses, la liberté augmente au contraire l’indétermination ; si l’on est honnête, il nous faut même admettre qu’elle fait littéralement exploser la quantité de possibles – rien de moins rassurant que la liberté !

Ainsi que l’a magistralement affirmé Machiavel, dans Le Prince la fortuna, principe de surgissement du hasard et de perturbation de nos desseins les plus calculés, est la reine du monde ; le Florentin ajoute que notre virtù – la seule qualité réelle dont nous disposons pour nous tirer d’affaire – doit en permanence composer avec elle.

L’aventure existentielle est d’ailleurs profondément inscrite dans l’identité de la modernité, époque dont nous subissons encore l’influence : au XVIème siècle, lors de cette Renaissance pleine de lucidité, s’inventent les figures du conquistador et du condottiere, que nous retrouvons aujourd’hui sous ces figures de réussite tant vantées que sont l’entrepreneur et le trader.

Si bien des choses paraissent stables en nous et autour de nous, c’est parce que nous sommes bien trop grossiers pour saisir que tout change tout le temps et dans n’importe quel sens. Bref, « aux innocents les mains pleines » !

 

DSCN0160

Philippe Saltel
lui répondit en ces termes : non, la vie n’est pas une aventure. Et cette position se déduit presque de l’étymologie du terme « aventure », « adventure », ce qui doit advenir. L’adventor est celui qui vient visiter, singulièrement les courtisanes, de manière fondamentalement légère. Si légère que personne ne peut dire qu’une authentique histoire d’amour est une aventure – car d’une histoire d’amour, on ne revient jamais indemne. Rien de ce qui arrive de profond ou d’important dans l’existence ne relève de l’aventure : ce que les Haïtiens vivent actuellement n’est pas une aventure, les déportés n’ont jamais écrit qu’ils avaient vécu une aventure. Au mieux, une suite d’événements risqués, une épreuve.

Or, justement, l’existence se présente sous le signe du risque le plus grand. Si l’on considère le tout de l’existence, l’existence dans sa totalité, il est en effet clair que nous ne risquons guère de nous en sortir. La vie est un processus dont l’issue est toujours fatale.

Il est impossible de plus de donner un sens aux événements au moment où on les vit ; ce sont les biographes qui décident rétrospectivement que telle ou telle vie a été une aventure – une vie qu’ils transfigurent d’ailleurs par leurs récits.

Plusieurs fortes références viennent appuyer une telle manière de voir les choses : l’Essai sur l’expérience de la mort, de Paul-Louis Landsberg, ou encore le Mythe d’Icare ou Traité du désespoir et de la béatitude d’André Comte-Sponville.


DSCN0164

           
Thierry Ménissier reprit la parole pour le second volet de la réflexion. Sommes-nous obligés de jouer les aventuriers ? Nullement. Et pouvons-nous aisément relever le défi que nous impose notre condition ? Pas davantage.

            Il semble qu’avec l’existence nous sommes engagés malgré nous dans un jeu dont nous n’avons pas du tout les moyens de sortir vainqueurs. Dans ce jeu de dupes auquel nous sommes pris, la posture de l’aventurier apparaît forcée, surjouée.

            Ou alors, nous sommes tous des aventuriers, et malgré nous. Il faut écouter le récit malheureux et maudit (pour celui qui le dit comme pour celui qui l’écoute !) du « héros » anonyme de La chute d’Albert Camus : tout peut toujours se jouer lors d’une mauvaise rencontre qui décide d’une vie, parce qu’elle révèle que nous sommes ou non à la hauteur de l’événement.

            Et dans le même temps, écoutons celui qui s’aventure : sa posture n’est-elle pas toujours semblable à celle d’Ismaël, au début du Moby Dick d’Herman Melville ? Quand le sens des choses oscille dangereusement, quand la vie n’adhère plus à la vie, aller à Nantucket, monter à bord du Péquod, s’embarquer pour le grand large sous les ordres du Capitaine Achab, ce vieux fou (« ...ça remplace pour moi le suicide. Avec un grand geste, le philosophe Caton se jette sur son épée, moi, tout bonnement, je prend le bateau »). L’aventure, ce succédané de suicide.

            Bref, le tout de l’affaire, c’est de s’en tirer avec élégance.

            Ici reprendre la lecture de Machiavel, Histoires florentines, VI, 13 : le comte Sforza est en danger et en situation de totale incertitude vis-à-vis de ce que vont tenter contre lui ses puissants ennemis. Or voici ce qu’écrit le Florentin : « Cependant il résolut de faire face à la fortune, et de se déterminer lui-même selon les événements de celle-ci ; car souvent, lorsqu’on agit, se dévoilent les partis qui seraient demeurés cachés si l’on n’avait pas agi » (dans la langue toscane originale : « Pure deliberò di mostrare il viso alla fortuna, e secondo gli accidenti di quella consigliarsi ; perché molte volte, operando, si scuoprono quelli consigli che, standosi, sempre si nasconderebbono »).

            Comment mieux dire que le problème, c’est de s’en remettre courageusement à l’action pour forger son style dans la rencontre des choses adverses ? L’action a sa vertu : « essayer »  (Montaigne !), forcer la fortune à se montrer propice – la liberté consiste à agir malgré tout, même quand tout semble compromis, déjà joué ou vide de sens. Car dans notre situation, rester digne et agir, n’est-ce pas finalement la même chose ?


DSCN0165

           
Il revint à Philippe Saltel de clore la rencontre : il faut être aventurier. Ce dernier est l’antithèse du héros tragique, lequel ne s’en sort pas. Puisque la vie est sérieuse, devons-nous nous résoudre à être écrasés par ce sérieux ? Bien sûr que non, et dans cette perspective, la figure de l’aventurier est celle d’un homme qui avance courageusement et surtout pas péremptoirement.

Ecoutons Nietzsche qui écrivait que « la vie n’est pas une mijaurée, et Aragon, dans La semaine sainte, affirmant que nous sommes des « graines d’avenir ». Autant de recommandations pour comprendre qu’il est nécessaire de s’offrir à la naissance de son être. De toute façon, toute situation vécue apparaît irréductible à une situation antérieure. D’où cette phrase mystérieuse de Sartre : « L’aventure, c’est l’irréversibilité du temps ».

L’aventurier, donc, un modèle, mais non une idole.


DSCN0161
Partager cet article
Repost0
28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 17:12


Jeudi 7 janvier 2010, 93 personnes étaient présentes dans la salle de lecture de la Bibliothèque Municipale du Centre Ville de Grenoble, pour écouter le lumineux exposé du conférencier puis pour débattre sur la signification du projet politique et idéologique du national-socialisme, tel qu'il a été planifié puis exécuté en son temps, mais aussi tel qu'on peut le comprendre dans le contexte du nôtre.

Que signifie la volonté des Nazis d'"effacer 1789 de l'histoire" ? Comment s'est-elle concrétisée en Allemagne dans les années 1930 ? Et comment comprendre ce genre de propositions qui, plus ou moins explicitement, revient aujourd'hui dans un contexte qui n'est plus celui des régimes autoritaires du début du XXe siècle ?



DSCN0095.jpg

DSCN0100.jpg

DSCN0109.jpg
[Thierry Ménissier et Johann Chapoutot lors de la conférence de ce dernier sur le nazisme]
Partager cet article
Repost0
15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 21:36



Savoir si la vie est une aventure, telle est la (belle et vaste !) question qui réunira, Philippe Saltel et Thierry Ménissier - à l'invitation du Printemps du Livre de Grenoble (précisément consacré cette année à ce thème), pour un  débat contradictoire entre deux philosophes.

 

La formule d'un tel débat est nouvelle pour nous également, et si elle n'est pas désagréable, nous serons amenés à la poursuivre. C'est en tout cas une tentative pour montrer que les philosophes qui animent la Société alpine s'engagent personnellement dans ce qu'ils pensent !  

Il se trouve que les deux interlocuteurs sont justement en désaccord sur plusieurs points - belle occasion de tester philosophiquement leur amitié...

Quant à l'aventure de la vie ou à la vie de l'aventure, voici le texte de présentation rédigé pour la présentation de la rencontre :

"Pour parler d’aventure, il faut supposer que les événements constituant l’existence humaine ne peuvent être intégralement maîtrisés, ni même totalement anticipés. Dans l’aventure, en effet, les aléas jouent un rôle certain vis-à-vis des orientations qu’on a choisies pour son existence ; on se retrouve à la marge de ce qu’on a prévu. On pourrait dire que l’aventureux est celui qui, dans certains domaines ou à certains moments, recherche la fréquentation de telles marges (« de 5 à 7 » ?), tandis que l’aventurier entreprend résolument de les explorer, en reconnaissant paradoxalement l’aléatoire comme un principe directeur : à lui les grands espaces de l’imprévu ! Entendue ainsi, l’aventure constitue-t-elle une notion philosophiquement intéressante, sinon importante ? Deux philosophes d’avis opposés débattront de cette question, en invitant le public à réfléchir avec eux."

Bibliothèque muncipale du centre ville, Grenoble
Jeudi 21 janvier 2010, 18 h 30 - 20 h
Avec Philippe Saltel, professeur de philosophie moderne,
et Thierry Ménissier, maître de conférences de philosophie politique et président de la Société alpine de philosophie, UPMF-Grenoble 2.
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 22:09



La Destruction de la cité :

projet et pratiques politiques du nazisme

Conférence de Johann Chapoutot

 

Jeudi 7 janvier 2009, 18 h 30 – 20 h

Bibliothèque municipale du Centre-ville, Grenoble

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

 



La rapidité et la vigueur avec lesquelles le régime nazi a été imposé à l'Allemagne indiquent que les différentes étapes de la prise de pouvoir (janvier 1933-août 1934) avaient été mûrement pensées, tant sur le plan tactique (étapes et modalités) que, plus profondément, sur le plan stratégique. Autrement dit, les nazis ne se sont pas bornés à élaborer une technique du coup d'Etat, mais conféraient, de longue date, un sens à cette accession aux responsabilités : il existait une philosophie politique nazie qui, selon les mots mêmes de Goebbels, consistait à "effacer 1789 de l'histoire" - une révolution (celle du 30 janvier 1933) chasse l'autre. Nous tenterons d'expliciter le projet politique nazi en montrant à quel point il est antipolitique : il s'agissait ni plus ni moins que de détruire la cité telle qu'elle était conçue depuis les Lumières.

 

Johann Chapoutot est normalien, diplômé de Science Po Paris, agrégé d’histoire et maître de conférences en histoire contemporaine au Département d’Histoire de l’Université Pierre Mendès France – Grenoble 2. Spécialiste d’histoire culturelle et politique, il est également germaniste Il est l’auteur de : Le national-socialisme et l’Antiquité, PUF, 2008 ; L’âge des dictatures (1919-1945), PUF, 2008 ; à paraître en 2010 : Le meurtre de Weimar, PUF.


imagechapoutot.jpg

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 07:01




Emmanuel GABELLIERI


Action et contemplation.
Simone Weil par-delà les Anciens et les Modernes

 

Conférence à la Bibliothèque municipale du Centre-ville de Grenoble

Mercredi 9 décembre 2009, 18 h 30-20 h


Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

 



"Travail et contemplation sont les deux pôles de la pensée" (S. Weil, OC II 1, 49)

 


« Philosophie mystique » (MM. Davy), « Platonisme du XXe s. » (M. Vetö), « Philosophie du travail » (R. Chenavier) ? En définissant travail et contemplation comme les « deux pôles de la pensée » S.Weil met ses commentateurs d’accord. Mais, ignorant ainsi la querelle des Anciens et des Modernes qui a opposé vita contemplativa et vita activa, elle invite à ne pas choisir entre Platon, Marx ou Arendt, à penser ensemble décréation de l’âme et transformation du monde. Par là s’éclaire aussi bien sa conception existentielle de la philosophie que la volonté d’articuler « inspiration » et « action », politique et mystique, et une métaphysique de la médiation et du don reliant à nouveaux frais Grèce, christianisme et modernité.

 


Emmanuel GABELLIERI, Agrégé de philosophie, Docteur ès lettres, est Doyen de la Faculté de Philosophie de l'Université Catholique de Lyon.



Ouvrages publiés 
:


- Simone Weil, coll. « philo-philosophes », Ellipses, 2001

-Etre et Don. Simone Weil et la philosophie, « Bibliothèque Philosophique de Louvain » n°57,

   Editions Peeters, Louvain-Paris 2003 

- « Amor mundi, Amor Dei. S.Weil et H.Arendt » (dir.),  Theophilyon IX-2,  2004

- Nature et création entre sciences et théologie (dir., avec J.M.Exbrayat), Paris, Vrin, 2006 

-  Blondel et la philosophie française (dir.), Parole et Silence, 2007 

- Simone Weil, Action et contemplation (dir., avec M.C.Bingemer), Paris, L’Harmattan, 2008

- Préface à Simone Weil (dir. Ch.Delsol), coll. « Les Cahiers d’Histoire de la philosophie »,

    Cerf, 2009

 

Partager cet article
Repost0
29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 10:55
 

 

RENCONTRE-DEBAT avec André TOSEL

Bibliothèque municipale du centre-ville, Grenoble

Vendredi 26 juin 2009, 18 h 30 – 20 h 30

entrée libre

 

André Tosel interviendra à partir de son ouvrage Un monde en abîme. Essai sur la mondialisation capitaliste (Editions Kimé, 2008), puis répondra aux questions du public.

André Tosel est professeur de philosophie politique à l’Université de Nice. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment : Etudes sur Marx (et Engels). Vers un communisme de la finitude (Kimé, 1996), Démocratie et libéralismes (Kimé, 1995), Du matérialisme de Spinoza (Kimé, 1994), Kant révolutionnaire. Droit et politique (PUF, 1988), Spinoza ou le crépuscule de la servitude. Essai sur le Traité théologico-politique (Aubier, 1984).

 

Dans le contexte actuel, Le Monde en abîme me semble un livre important, et cela pour trois raisons. D’une part, il entreprend de s’emparer d’un thème, la mondialisation, finalement peu fréquenté par la philosophie politique. A cet égard, il comprend une inspection critique des « forces en présence » de la philosophie politique actuelle qui est aussi intéressante que sans concession – en faisant par exemple la remarque inquiétante que ceux qui sont le plus favorable à la mondialisation sont également ceux qui la théorisent le moins. Un des points forts de l’ouvrage est qu’il réfléchit la mondialisation en regard des attendus de la philosophie de l’histoire des XIX et XXèmes siècles, et non pas en dehors ni contre elle, à l’inverse donc d’une tendance actuelle. La mondialisation apparaissant comme « un événement philosophique », et même « le seul événement de notre actualité » (p. 96), il convient désormais de lui assigner son sens, c’est-à-dire de statuer philosophiquement sur son compte, et c’est ce à quoi s’emploie l’ouvrage. 

D’autre part, il s’inscrit explicitement dans une perspective d'inspiration marxiste ; or, quoiqu’on pense de l’expérience du communisme au XXème siècle (et même, plus généralement, de la philosophie de l’histoire marxiste), un tel angle de vue dote l’analyse d’une grille d’intelligibilité des phénomènes complexes de domination (aux plans économique, politique, idéologique) que n’offrent pas les autres discours de philosophie politique. Bien entendu, ce que montre l’ouvrage d’André Tosel, c’est que le processus de mondialisation n’a pas supprimé la domination, mais qu’il l’a déplacée géographiquement et qu’il l’a transformée dans ses modalités ; par suite, il se livre à une intéressante tentative de questionner ce que signifie, pour un tel monde, la notion même de « pouvoir ».

Enfin, il nous invite à réfléchir à la forme que peut prendre l’action politique dans un monde métamorphosé sous l’effet de la globalisation économique. Ce point me paraît personnellement représenter l’enjeu le plus important du livre : tandis que les catégories de la théorie politique ont été conçues dans la perspective d’un projet, le projet des Modernes, accordant une place centrale à une entité (le sujet de droit ou le peuple) agissant dans un cadre public rationnel et unifié (l’Etat), comment désormais – c’est-à-dire en dehors de ce cadre instituant – concevoir aussi bien l’être en commun que l’intérêt général ? En d’autres termes, de quelle manière aujourd’hui se figurer tant la capacité de créer une collectivité sensée que le but légitime que cette dernière est susceptible d’assigner à son action ?

 

Thierry Ménissier




PS : Le texte de présentation du livre de Tosel que j'ai prononcé lors de sa venue à Grenoble se trouve ici : http://tumultieordini.over-blog.com/article-33818118.html
 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Société alpine de philosophie
  • Contact

Recherche