Saison 2013-2014
Séminaire: « Espèces d’espace »
(Les dates et lieux sont à préciser)
Pour l’année 2014, nous proposons un séminaire sur le thème de « l’espace » composé de plusieurs séances, réparties de janvier à juin. A chaque séance, un conférencier est invité à faire un exposé suivi d’un débat ou de questions du public.
Les philosophes, il faut le reconnaître, ont davantage réfléchi sur le temps que l'espace. Pourtant, l'être humain a une dimension spatiale et pas seulement temporelle. Vivre sur la Terre fait partie de la condition de l'homme, il ne vit pas n'importe où et « habite » l’espace. L'homme se définit par sa manière singulière d'occuper l'espace et de créer, pour reprendre la belle formule du roman de Georges Pérec des « espèces d'espaces ».
Quant à l’espace qui nous entoure, l’homme a toujours cherché à le connaître, percer les secrets de l’univers et partir à sa conquête. L’espace a des enjeux scientifiques, mais aussi humains, artistiques, politiques et sociaux.
Ainsi, les grandes évolutions de la société contemporaine se comprennent par l’étude de l’espace. Alors que la mondialisation se manifeste et s'exprime au jour le jour par des phénomènes spatiaux spectaculaires, abondamment médiatisés, il est curieux de constater que l'espace reste un point aveugle de nos réflexions sur les sociétés. Ce séminaire tente de pallier cet oubli. Les différents intervenants nous permettront de savoir un peu mieux ce que la science connait et à nous dire de l’espace ainsi que les implications politiques et sociales de « l’espace humain. »
- 1ère séance le mardi 28/01 à 18h30 - Auditorium de l'Office du Tourisme - Grenoble : « l’espace en physique »
Françoise Balibar, professeur émérite à l’Université Paris VII,
Cette physicienne, spécialiste d’Einstein a développé une réflexion importante dans le domaine de l'histoire de la physique et de l'épistémologie. Comment la science pense-t-elle l’espace ? La théorie de la relativité d’Einstein construit un modèle de l’espace-temps qui bouleverse en profondeur la conception de l’espace physique, mettant fin au modèle euclidien et à l’idée d’un espace absolu.
- 2nde séance le mardi 11/02 à 18h30 (Lycée Champollion - Grenoble) : « De l’espace public aux lieux public ? le cas de la sculpture »
Joëlle Zask, professeur de philosophie à l’Université de Provence
Spécialiste de philosophie politique et de philosophie américaine, sur le pragmatisme. Elle travaille également sur les enjeux politiques des pratiques artistiques contemporaines. Elle viendra nous présenter son dernier livre « Outdoor Art, la sculpture et ses lieux », qui traite du rapport de l’art à l’espace public et politique.
- 3ème séance le mercredi 19 mars à 18h30 (Lycée Champollion - Grenoble) : « L'espace et la spatialité comptent »
Michel Lussault, Professeur à l’Université Rabelais de Tours
Il a initié une nouvelle approche, celle de l’anthropologie de l’espace. Il réfléchit à l’espace en philosophe, mais en utilisant les outils de la sociologie, de l’anthropologie, et en prenant en compte la géographie, l’urbanisme, l’aménagement du territoire. Il a écrit notamment L’Homme spatial. La construction sociale de l’espace humain (2007) L’espace est d’abord une réalité sociale. A « la lutte des classes se substitue la lutte des places ». L’essentiel résiderait dans la mobilité avec des processus en cours et totalement inédits de reterritorialisation.
- 4ème séance le mercredi 2 avril, (Lycée Champollion - Grenoble) : « espace théâtral/espace politique »
Jean Caune, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble
Après avoir été comédien et metteur en scène, il a mis en place le centre d’action culturelle de la Villeneuve de Grenoble et dirigé la maison de la culture de Chambéry (1982-1988). Chercheur au Gresec, ses travaux recouvrent le domaine des pratiques esthétiques envisagées comme processus de médiation culturelle. Il vient de publier en 2013 Pour des humanités contemporaines, (science, technique, culture, quelle médiation ?), après la démocratisation culturelle et culture et communication en 2006. Il nous entretiendra à propos de l’espace au théâtre.
- 5ème séance (mercredi 16 avril à 18h, Maison des associations - Grenoble) : « les mystères de l’espace »
Aurélien Barrau, professeur à l’UJF, laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie de Grenoble
Cet astrophysicien, spécialiste de la relativité générale et des astroparticules, nous expliquera quel est le cosmos dessiné par la physique aujourd’hui. Il viendra nous faire rêver des espaces interstellaires, des trous noirs et autres mystères de l’univers… Il est l’auteur notamment de Forme et origine de l’univers, regards philosophiques sur la cosmologie en 2010, et tout récemment Big Bang et au-delà, ballade en cosmologie.
- 6ème séance (annulée) : « cyberespace et démocratie »
Marc Foglia, enseigne la philosophie à l'Université Paris I-Sorbonne.
Il a soutenu sa thèse de doctorat à l'université Paris-I sur La Formation du jugement chez Montaigne . Il vendra nous parler du cyberespace et de son rapport à la démocratie. Il a écrit des ouvrages de référence sur Montaigne et de nombreux articles sur l’espace virtuel qu’est le cyberespace, le dernier est intitulé « Wikipédia, entre connaissance et démocratie », dans M. Groult (dir.), Les Encyclopédies. Construction et circulation du savoir de l'Antiquité à Wikipédia, L'Harmattan/CNRS, 2011. L’espace est aussi un espace public et politique, celui du débat entre les citoyens qui permet la vie démocratique. A quels critères doit répondre un tel espace (transparence, etc.) Peut-on parler d’un espace de circulation d’information illimité avec internet ? Quel espace est le net ?
- 7ème séance (Lundi 2 juin à 18h, Maison des associations - Grenoble) : « L'espace et les nouvelles technologies»
Thierry Ménissier, professeur à l’Université de Grenoble, Institut de l’Innovation, président de la SAP
Spécialiste de Machiavel, il interroge le modèle républicain qui est le nôtre et pose les principes de refondation de la République. Dans quelles mesures les nouvelles technologies changent notre rapport à l’espace ? La société moderne voue un culte à la vitesse et rêve d’abolir les distances. De fait, les nouvelles technologies de l’information et de la communication semblent réaliser le don d’ubiquité. Il viendra nous parler de l’innovation et son rapport à l’espace, comment les nouvelles technologies investissent l’espace et essaient de valoriser les territoires.
- 8ème séance (Vendredi 27 juin, lieu à définir) : « l’espace public mondial et les grands espaces
Valéry Pratt, professeur de philosophie en CPGE à Annecy,
Il a soutenu sa thèse de doctorat intitulée « pour une philosophie du droit international : Nuremberg, les droits de l'Homme et le cosmopolitisme » Son travail interroge la portée juridique du droit international et les conditions de sa constitutionnalisation. Il réfléchit à un nouveau paradigme du droit international : le paradigme délibératif. Ce paradigme est opposé, en pratique, à la théorie des grands espaces, par laquelle Schmitt, prenant acte du passage à l’ère post-nationale, voudrait enraciner le droit international dans un nouvel ordre concret, où les amis peuvent continuer à désigner leurs ennemis au nom d’une guerre des valeurs incompatible avec ce qu’il dénonce comme le pacifisme cosmopolite de l’abstraction libérale. Au-delà du conflit des valeurs revendiquées par telle ou telle culture donnée, il cherche à dégager des principes universels pour un nouveau droit international sur la base des arguments avancés par Habermas.
Georges Perec - Espèces d'espaces, Galilée, 1974.