[De gauche à droite : Jean-Marc Porte, Jean-François Ponsot, Daniel Bougnoux, Thierry Ménissier]
La Société alpine de philosophie
a consacré son SEMINAIRE D'AUTOMNE
au thème « l'argent »
Dans cette nouvelle formule d'intervention philosophique, trois conférences invitées le matin sont suivies, après la pause de midi, d'une mise
en perspective des thématiques abordées, puis d'un débat général entre les participants au séminaire.
Le séminaire aura lieu le samedi 15 novembre 2008, de 9h30 à 16 h, à l'Université Pierre Mendès France – Grenoble 2, UFR de Sciences
Humaines, bâtiment ARSH, AMPHI 1.
Adresse géographique : 1281 avenue centrale, 38400 Saint-Martin d'Hères. Tram B ou C, arrêt Bibliothèques Universitaires.
Participation aux frais : 10 euros ; entrée libre pour les chômeurs, étudiants et moins de 18 ans.
Présentation du séminaire :
Véritablement fascinant, le thème de l'argent se situe au croisement de problématiques fondamentales pour notre monde : sous la forme de la
monnaie, l'argent est le vecteur moderne des échanges et le critère de la valeur. Il est l'intermédiaire obligé qui discrimine ce qui vaut beaucoup et ce qui vaut moins, les riches
et les pauvres, les puissants et les faibles. Il a donc à voir tout à la fois avec le pouvoir, avec la dynamique sociale dans son ensemble et, pour chacun, avec l'image de son propre bonheur.
Dans le même temps, l'usage de l'argent rassemble les hommes, car il implique une véritable communauté de la part de ceux qui, en adoptant tel ou tel étalon monétaire, se
reconnaissent mutuellement. Cette communauté paraît basée sur la confiance mutuelle des participants à l'échange, mais l'argent lui-même crée la confiance dont il se nourrit. Point notable,
les relations du système de l'argent avec la politique – avec l'organisation rationnelle qui permet aux hommes d'agir collectivement sur leur destinée – sont extrêmement complexes.
La crise actuelle du système financier mondial donne à penser les thématiques liées au système de l'argent avec une acuité renouvelée. Outre
qu'elle met en péril l'économie réelle et risque de ce fait de dévaloriser totalement le fruit du travail, la crise touche au coeur des valeurs contemporaines et remet en question la manière
de vivre et de juger. Chacun savait le structurel défaut de fondement des valeurs sociales, basées seulement, dans les démocraties post-religieuses et post-métaphysiques, sur l'usage commun
et sur la discussion rationnelle ; la crise fait ressentir à de nombreuses personnes un véritable dégoût pour ce monde, au profit d'autres mondes, supposés plus solides ou plus justes.
Ce séminaire, en se montrant attentif aux constantes historiques et aux possibles évolutions contemporaines, examinera dans leur généralité les conditions philosophiques, ainsi que les enjeux anthropologiques et psychanalytiques de l'usage de l'argent,
dans une réflexion qui nous semble salutaire en cette période de crise.
Intervenants :
- Marie Cuillerai (maître de conférences de philosophie, Université de Paris 8) :
Crise Financière : Le Grand Potlatch
Exubérance, irrationalité, défiance, ont qualifié l'état des opérateurs financiers dans cette crise où l'on n'aura assisté comme jamais à la mobilisation de capitaux, de sommes d'argent
astronomiques dans une frénésie accentuée par la couverture médiatique de l'événement du siècle. Loin de vouloir en spécialiste argumenter sur la pertinence des différents plans de sauvetage
de l'économie mondiale, il peut paraître opportun de se saisir du temps présent pour revenir sur des analyses qui ont placé le sacré, l'irrationnel et la démesure au coeur du fonctionnement
économique. Les notions de dépense, de destruction, de potlatch, ont ouvert un espace de réflexion sur l'argent où la souveraineté ne tient pas tant à l'accumulation des richesses,
symboliques ou réelles qu'à leur destruction.
S'agirait-il pour nous de prendre acte d'un tel renversement, comme d'un principe caché, issu d'un fonds obscur et nous renvoyant aux limites
incontournable de notre condition humaine ? Du moins pourrons-nous y suivre le fil conducteur d'une ambivalence de la monnaie, à la fois principe de cohésion sociale et enjeu de puissance,
pour quelques uns.
- Jean-Marc Porte (psychanalyste, Grenoble) :
Psychanalyse et argent : le Je, en petite(s) coupure(s)
A l'heure où l'intrication de l'avoir et l'être trouvent dans nos sociétés la promesse d'une réponse quasi sans limites (la consommation)
qu'en est-il du rapport de la psychanalyse à l'argent ? Au travers d'exemples tirés de la clinique, Jean Marc Porte, psychanalyste, proposera une lecture de l'argent dans la cure
contemporaine. Dette, excès, manque : en aller-retour avec les textes de Georges Bataille et Michel Aglietta, une question en forme de paraphrase de la formule de Lacan sera développée
: et si l'argent – opérateur neutre par excellence de l'économisme – était structuré comme un langage.
- Daniel Bougnoux (professeur émérite de sciences de la communication, Université Stendhal – Grenoble 3) :
L'argent, un média comme les autres ?
Membre du comité de rédaction de la revue Médium qui a consacré en juin un
numéro double à "L'argent maître", Daniel Bougnoux examinera l'argent comme signe et comme média en rappelant quelques jalons dans l'histoire et les principales fonctions, extraordinairement
ambivalentes, de la monnaie. Le détachement et la dématérialisation croissante des représentations monétaires engendrent un vertige, classiquement dénoncé par toute une
tradition littéraire ; mais les empiètements de la valeur-argent sur les formes non-monétaires de la valeur atteignent aujourd'hui un seuil de crise, pas seulement économique mais
philosophique et morale. Raison de plus pour penser de façon critique (au sens kantien de la séparation des domaines) les usages de mots comme valeur, crédit, signe monétaire, échange, ou
spéculation.
http://www.regisdebray.com/content.php?pgid=medium&numero=16
Déroulement de la manifestation :
9 h 30 – 9 h 45 : Accueil des participants.
9 h 45 – 10 h : Présentation des séminaires de la Société alpine de philosophie et Introduction du thème « l'argent », par Thierry
Ménissier.
10 h – 10 h 45 : Intervention de Marie Cuillerai / réactions de Jean-François Ponsot, Maître de conférences en économie, UPMF.
10 h 45 – 11 h : Pause.
11 h – 11 h 45 : Intervention de Jean-Marc Porte / réactions de J.-M. Porte.
11 h 45 – 12 h 30 : Intervention de Daniel Bougnoux / réactions de J.-M. Porte.
12 h 30 – 14 h : Pause déjeuner
14 h – 14 h 30 : Reprise problématisée des conférences et préparation du débat, par Thierry Ménissier
14 h30 – 16 h : Débat général